Sabrina Charron
Sensible et douce de nature, Sabrina a su trouver dans les lettres cette permission de s’évader de ses sentiments. Cette finissante de littérature se passionne également d’art, sous toutes ses formes, et de psychologie.
Impasse
Pensées figées. Mémoire tenace.
Crise. Tremblements. Sueurs froides.
L’estomac se serre, le souffle se coupe. Couper ses veines d’espérance, artères d’espoir. Battements de cœur aussi insouciants que bohèmes, aussi peu sincères que l’abstème.
Elle s’inquiète.
Elle s’inquiète que les maux reviennent s’immiscer, que son esprit trébuche dans son abdomen et que ses mains moites fassent glisser l’amour d’autrui au fond du gouffre qu’elle creuse avec mépris.
Pitoyable intérieur.
Elle s’inquiète et les regards accentuent sa crainte. Une foule de jeunes sots l’étouffe, l’écrase et l’inonde en voulant la bercer, la consoler, l’embrasser.
Elle aimerait pardonner l’inaptitude des gens heureux à contempler ce monde autrement, mais comment y parvenir?
Elle ne peut se soustraire à leur regard. Elle n’arrive pas à arracher l’étiquette qu’on lui colle à la peau comme à un vêtement, bien que cette marque la gratte jusqu’au sang. Pourtant, un être indécelable – l’Angoisse - trône sur sa conscience et continue de l’étreindre avec affection.
Elle tend la main avec l’espoir d’atteindre son dessein; on lui propose un autre verre débordant d’insensibilité à boire cul-sec.
Elle ne peut que s’y soumettre : flagellation soudaine sur ses doigts.
Augmentation corrélative de coups - coups doux, coups secs, coups doubles – portés en plein cœur de sa claustration.
Le souffle lui manque : efforts vains en vue d’accéder à sa délivrance.
Mais voilà qu’on palpe de nouveau sa chair tremblante. L’eau-de-vie lui trouble la vision et la plonge inévitablement dans un gouffre de remords.
Noyade dans l’ivresse. Somnolence immédiate. Regret.
Elle n’est plus que le boulet dormant dans l’écume des jours anciens.
Ce lieu est si complexe.
Elle sait qu’elle se retrouvera de nouveau à l’entrée du labyrinthe. Héroïne d’elle-même sera-t-elle, si elle ose l’un des chemins.
Elle s’arrête pourtant. Le Miroir l’accable. Son reflet la chavire.
Pourquoi ma main est-elle tachée d’encre?
Pourquoi suis-je nue face à moi-même?
Nue et esseulée
devant
l’impasse?