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Gabrielle Dussault

 

« Well-read people are less likely to be evil. » -Lemony Snicket

l'ombre du Garlaban

OEUVRE: La gloire de mon père, Marcel Pagnol

Les enfants ont, pour la plupart, cette rare capacité de percevoir des choses que les adultes ne remarquent pas. Leur innocence leur permet de voir la magie qui habite tout ce qui les entoure, ce qui, chez certains, se manifestera encore longtemps. C’est le cas de Marcel Pagnol, qui choisira de partager son expérience sous la forme de roman. Le premier volume de la série Souvenirs d’enfance, intitulé La gloire de mon Père, en est un bon exemple. Ses quelque 300 pages m’ont bercée d’images de lumière et de tendresse qui trottent encore dans ma tête comme dans celle du jeune Pagnol. Celui-ci a une vision bien particulière de ce qui l’entoure : les paysages superbement décrits qui forment son environnement sont imprégnés de la magie que seul lui peut encore voir et comprendre : « Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. » Ainsi commence cette autobiographie, qui se concentre sur le quotidien du personnage alors que celui-ci a environ neuf ans. La majeure partie du récit se déroule à la Bastide Neuve avec la famille de Marcel : ses parents, son oncle et sa tante ainsi que son frère. C’est à cet endroit que naîtra son éternel amour pour la nature.

 

 

 

 

 

 


 


Avant de se rendre à la Bastide Neuve, le père de Marcel se met en tête de remeubler leur maison. Pour ce faire, il achète une panoplie d’antiquités chez un brocanteur pour pouvoir les restaurer lui-même et ainsi créer une « base d’un mobilier rustique ». Pendant la durée des travaux, Marcel et son frère Paul aideront leur père à monter des chaises et vernir le bois. Ces travaux manuels permettront à Marcel d’en apprendre plus sur ses capacités : « Ces travaux qui ne durèrent pas plus de trois mois, occupent cependant dans ma mémoire, une place considérable, car c’est à la lumière du bec Matador que j’ai découvert l’intelligence de mes mains, et la prodigieuse efficacité des plus simples outils. »


Lorsque la famille arrive à la maison de vacances, les enfants ont l’occasion d’aller découvrir le terrain qui l’entoure. Paul et Marcel iront explorer le jardin et, au fond d’un vallon, ils trouvent un ruisseau, le Vala. Autour de celui-ci poussent plusieurs types de plantes et arbustes comme des oliviers, amandiers et abricotiers. Marcel tombe tout de suite sous le charme de ce décor. Il s’enivre plus particulièrement du parfum des brindilles de thym qui poussent sur la rive du ruisseau : « C’était une odeur inconnue, une odeur sombre et soutenue, qui s’épanouit dans ma tête et pénétra jusqu’à mon cœur. »


Même si la nature occupe une grande place dans l’imaginaire de Marcel, certains éléments technologiques en font aussi partie. Par exemple, la lampe Tempête que le père décide de sortir un soir. Apprendre l’existence d’une telle chose éblouit Marcel, qui ne verra jamais d’autre lumière aussi fascinante que celle-ci : « Lorsque je la vis, suspendue à une branche du figuier, brûler, brillante, avec la sérénité d’une lampe d’autel, […] je décidai de consacrer ma vie à la science. »


Comme beaucoup d’enfants, les deux frères s’inventent des jeux. Dans ce cas-ci, ils s’amusent à attraper des insectes auxquels ils donneront de nouvelles identités. Ainsi, les enfants se battent avec des lions, étudient des tigres et lancent des « chrétiens ». En réalité, les lions sont des araignées, les tigres sont des mantes religieuses et les chrétiens sont des sauterelles. Pour Paul et Marcel, qui sont profondément imprégnés de leur environnement, il faut une part de danger à leurs jeux. On retrouve le même principe lorsque les deux frères s’imaginent devenir des Indiens. Ils inventent toutes sortes d’histoires qui transforment, entre autres, un vieux tapis en wigwam et un couteau « pointu » en arme redoutable. Ils se servent du terrain autour d’eux pour s’évader, pour devenir plus que ce qu’ils sont vraiment.


L’événement qui donne son titre au livre est l’aventure de Marcel lorsqu’il décide de suivre l’oncle Jules et son père à la chasse. Il juge avoir une bonne connaissance du terrain qui entoure la maison et, après avoir rassemblé quelques provisions, il se met en marche. Il suit les deux hommes de loin pour ne pas se faire repérer et tout va comme prévu, jusqu’au moment où il se perd. Le Taoumé étant son point de repère dans l’immensité de cet espace, Marcel s’en servira pour essayer de retracer son chemin. Il se retrouvera au milieu d’une clairière où repose une vieille formation rocheuse qui ressemble à une tente amérindienne. Son imagination sera à la fois son alliée et son ennemie puisqu’elle lui permettra de retrouver son chemin, mais lui fera constater qu’il est la proie du condor qui tourne au-dessus de sa tête. Il sortira de cet épisode grandi et plus confiant en ses capacités.


C’est à travers leurs expériences que les enfants deviennent des adultes. Ces aventures, quelles qu’elles soient, vont former leur personnalité tout au long de leur vie. Dans le cas de Marcel comme dans celui de tous les enfants, l’environnement dans lequel il évolue aura une grande influence sur ses goûts futurs. La gloire de mon père raconte ainsi les souvenirs du narrateur-auteur et ce qui lui a permis de devenir l’homme qu’il a été. Sans ce livre et ceux qui l’ont suivi, il aurait été beaucoup plus difficile de connaître l’auteur caché derrière le personnage.

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Marcel PAGNOL. La gloire de mon père,

Paris, éd. Pastorelly, 1957, 305 p.

«La gloire de mon père raconte ainsi les souvenirs du narrateur-auteur et ce qui lui a permis de devenir l’homme qu’il a été. Sans ce livre et ceux qui l’ont suivi, il aurait été beaucoup plus difficile de connaître l’auteur caché derrière le personnage.»

Dès la première page, nous sommes projetés dans la ville natale du personnage où domine la colline du Garlaban. Le décor bucolique que forment montagnes, pinèdes, vallons et ravins qui entourent la maison de vacances de la famille Pagnol aura une grande influence sur le petit Marcel : « Nous sortîmes du village : alors commença la féérie et je sentis naître un amour qui devait durer toute ma vie. » Le pic du Taoumé, situé tout près de la Bastide Neuve, plus particulièrement, deviendra un symbole de la région, une sorte de monument dont la majesté marquera grandement l’esprit du personnage. Tout au long du roman, le paysage reste l’élément le plus important de la vie de Marcel.


Au début du récit, tous les jeudis et dimanches, Marcel va faire une balade dans le parc Borély avec sa tante Rose. Le narrateur y trouve toutes les excuses possibles pour explorer chaque recoin du parc, pendant que sa tante se lie avec celui qui deviendra l’oncle Jules. Celui-ci, en lui disant qu’il est le propriétaire du parc, poussera le jeune Marcel à se croire tout permis.

© 2018 par Sabrina Charron, Mélina LeGresley et Lysanne Vermette. Créé avec Wix.com

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